L'année 2014 a été marquée par ma décision de privilégier l'hybridation. Je vais expliquer en quelques lignes comment je compte m'y prendre.
Définir des axes de travail
Mes programmes d'hybridation seront préalablement définis. Durant l'hiver, et avant la floraison, une centaine de croisements seront déterminés dans le cadre de différents programmes. Pour la floraison 2015, c'est déjà fait. L'objectif est d'obtenir environ 45 cosses qui
donneront lieu à environ 1 000 semis.
Avant d'hybrider, j'ai essayé de comprendre l'approche dans ce domaine, des meilleurs de la spécialité. J'avoue que je me sens plus proche de la vision de Keith KEPPEL ce qui ne m'empêchera pas de prendre les idées des autres. Il faut regarder ce qui se passe autour de soi avant et afin de trouver sa propre voie.
Dans un premier temps, j'ai réalisé des croisements à partir d'iris que je commercialisais. Le but était de me constituer des lignées dans différents programmes d'hybridation. Au fur et à mesure, j'ai pu utiliser, de plus en plus, mes semis dans mes programmes.
Je me teindrais au courant des dernières créations de tout le monde et de leur éventuel potentiel génétique. Si un iris nouvellement enregistré est très performent et novateur, je procéderai à son acquisition. En revanche, je ne procèderai plus à l'acquisition d'un maximum de variétés nouvelles. En effet, après il faut gérer en terme de place toutes ces variétés et j'avoue avoir été déçu par certaines d'entre elles.
Sauf exception, je ne procéderai plus à des commandes sans avoir préalablement vu les iris. Rien de mieux que l'expérience visuelle pour appréhender les qualités des iris (ou leurs défauts). Etant donné que je serai très rigoureux dans la sélection de mes semis, je le serai également dans la sélection des nouvelles variétés que je mettrai en culture.
Je ne pense pas qu'avoir un maximum de variétés augmentent sensiblement les chances d'obtenir de beaux semis. Je compte travailler avec mes semis et pas plus de 100 variétés d'autres obtenteurs. Avec 100 variétés, il faut avoir à l'esprit qu'on peut faire 10 000 croisements ! Etant donné que je ferai environ 120 croisements par an, exploiter génétiquement 100 variétés est le travail de toute une vie.
Si je ne cherche à obtenir que 45 cosses annuellement, je recherche en revanche de la qualité. Je pense qu'il faut mieux avoir que 1 000 semis d'une bonne qualité moyenne que plus d'une qualité inférieure. Juger 1 000 semis n'est déjà pas une chose mple car au moins 990 doivent finir à la poubelle.
Des iris cultivés avec soin
Afin de pouvoir juger la qualité des semis, le plus le grand soin sera apporté à la culture des iris. Le désherbage sera manuel ou fait pas avec un désherbeur thermique.
Au niveau des semis, l'application de la méthode décrite par Barry BLYTH est bonne pour la germination des graines. J'ai apporté une petite variante qui apporte un petit plus. Je vais retester cette petite variante l'année prochaine pour la valider. Mettre les graines eu frigo et tremper les graines avant plantation augmentent le pourcentage de germination.
L'objectif est de planter les semis de l'année N en mai N+1 afin que la quasi-totalité fleurissent en mai N+2. Pour cela, il faut éviter que les semis soient gêner par des « mauvaises » herbes. Dès le repiquage, je mets une petite poignée d'engrais autour de chaque semis. Le but est de les booster tout de suite afin qu'ils atteignent le plus rapidement possible une taille qui permet leur dédoublement dès la fin août. On est alors presque sûr qu'ils fleuriront l'année prochaine.
Pour les semis qui sont en phase de sélection, je ne leur mets pas d'engrais. Je veux les juger dans des conditions normales.
La sélection des semis
Si les semis repiqués en mai dernier se sont bien développés, on peut déjà avoir une bonne idée de la qualité des semis qui fleurissent. A ce stade, je m'attache plutôt à la fleur : sa qualité, l'aspect couleur ou combinaison de couleur. Il peut arriver la première année que le manque de développement d'un iris fasse, par exemple, que ce dernier n'est que 3 niveaux de bouton à la place de 4 ou alors que la grosseur de la hampe soit inférieure à sa taille normale.
Je commence la sélection. Elle est très dur voire impitoyable. Je mets une étiquette aux iris que j'ai repérés. Ces iris sont immédiatement dédoublés. Tous les iris qui ont fleurit et qui n'ont pas d'étiquettes sont arrachés après la floraison. Là il faut mieux avoir 1 000 semis à arracher que 5 000. Il faut faire de la place pour les prochains semis. Je pense qu'il faut au maximum avoir sélectionné 50 iris.
Reste le problème des iris qui n'ont pas fleurit. Ils restent sous certaines conditions. En fonction des résultats des frères de semis, certains peuvent être arrachés sans même les avoir vu fleurir.
L'enregistrement des semis
Avec un entretien optimum, le climat et la terre qui est la mienne, ça peut aller très vite. En 3 floraisons, je peux décider l'enregistrement d'un iris en ayant un nombre suffisant de rhizomes et une idée fiable de la qualité du semis. Il faut avoir à l'esprit que j'ai déjà eu 4 hampes dès la première floraison sur certains semis.
Il ne suffit pas que la fleur soit belle, la qualité de la plante : son développement et la qualité du branchement nt des critères tout aussi importants à mes yeux. Je l'ai déjà dit mais le nombre d'iris enregistrés en France va progresser avec le nombre de passionnés qui hybrident. Il va falloir donc viser l'excellence sous peine de voir certaines nouveautés tomber rapidement aux oubliettes. Il ne va plus falloir enregistrer de bons iris mais des iris excellents à tout point de vue. C'est mon objectif de ses prochaines années. Là le choix de mon programme d'hybridation va prendre toute son importance. Mon but est d'enregistrer 3 à 5 iris top niveaux d'ici quelques années. Là, mes exemples sont KEPPEL et GHIO. Quand, je vois les enregistrements des 2 dernières années de Joseph GHIO, ça laisse reveur et un exemple à suivre.
Pour sélectionner des semis, il faut savoir ce que font les autres. Tous les ans, je ne me rends chez Bernard LAPORTE pour observer un maximum de nouveautés. Cela me permet de conforter ou d'infirmer mes choix dans la sélection de mes futurs enregistrements. Suis-je dans le vrai ou pas ? J'envisage de faire un aller-retour express en Oregon en 2016 afin de voir les semis et dernières créations des meilleurs, et pourquoi pas de faire quelques hybridations. C'est à ce prix qu'on progresse.
Enregistrer des iris top niveaux signifie à mes yeux des plantes très fortes et une très jolie forme de fleur. Reste la question du coloris. Là on est dans le monde de la subjectivité. Vendre des iris pendant quelques années m'a néanmoins permis d'apprendre certaines choses. Les coloris trop complexes, les couleurs singulières comme par exemple le gris n'ont pas trop la côte. Reste toutefois les goûts de chacun. Il est certain que mes iris ne plairont pas à tout le monde car les goûts de chacun sont souvent différents. Toutefois, je vais essayer d'éviter des iris
quelconques et encore plus avec une mauvaise qualité de plantes. Je me fixe 5 ans pour devenir un des meilleurs et me faire une place.
La création d'un catalogue
Dès 2016, je réaliserai un catalogue PDF qui intégra mes premières créations. Ces créations seront d'un bon niveau. Ce catalogue comprendra une cinquante de variétés en majorité assez ou très récentes. Je ne veux pas que ce catalogue comprenne uniquement mes créations. Il y aura ce qui se fait de mieux à terme.
L'idée est de renouveler chaque année une dizaine de variétés grâce notamment à de nouvelles introductions personnelles. Lors de nos journées portes ouvertes, nos visiteurs pourront admirer et acheter une vingtaine de variétés supplémentaires. L'essentiel des ventes se fera lors des journées portes ouvertes, en espérant qu'un jour certaines de mes créations seront accessibles dans d'autres endroits...